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  • Photo du rédacteurNenad Popović

Journal de guerre en Ukraine : 21e semaine








14 juillet 2022, 141e jour de guerre

Bataclan : Aujourd’hui ce sont les civils de la ville de Vinnytsia qui ont été massacrés. Vingt morts dont deux enfants.


Apparemment, c’est d’un sous-marin en mer Noire qu’ont été lancés des missiles de croisière.


Personne n’a créé aussi rapidement une nation comme la Russie l’a fait en Ukraine. En seulement 141 jours, à compter du 24 février. Tandis qu’il lui a fallu des années à Israël. Sans parler du paradoxe millénaire que la Russie et l’orthodoxie du nord découlent de Kyïv, mais ce sont des affaires bien trop compliquées, trop « historiques », choses trop « mystérieuses » à l’usage des professeurs empoussiérés, je m’en tiendrais donc à la comparaison avec Israël. Qui quelques années après l’Holocauste avait coagulé en État-nation probablement le plus compact au monde, alors que cela est arrivé à l’Ukraine en cent cinquante jours. Avec tous les ingrédients, en commençant par les citoyens ukrainiens sur l’espace délimité des frontières étatiques ukrainiennes jusqu’à l’émergence du panthéon des martyrs qui surgit en temps réel, devant mes yeux. Des victimes, qui un jour seront glorifiées et célébrées, en se donnant un peu de peine en fouillant sur internet j’apprends les prénoms et noms de familles, la date et l’heure à laquelle la vie leur est ôtée. Ce qui se déroule en Ukraine, ce n’est pas du nation building qui s’étalerait dans l’histoire et souvent mis en scène, mais du moulage instantané d’une nation avec du béton à prise rapide. Ce nation building final, ou state building, dans des conditions quasiment identiques, nous l’avons observé dans la guerre yougoslave des années quatre-vingt-dix. Pareillement, les catalyseurs étaient les chars qui traversent les frontières, et au Kosovo - les matraques.



Traduit par Yves-Alexandre Tripković






Journal de guerre en Ukraine


est simultanément publié en croate

sur les pages du magazine politique et culturel en ligne Forum TM





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