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  • Photo du rédacteurLe Fantôme de la liberté

Galicija de Miroslav Krleža dans la traduction de Nicolas Raljevic


Nicolas Raljevic, traducteur, éditeur et promoteur des pièces de théâtre d'auteurs croate classiques et contemporains signe une nouvelle traduction, celle de Galicija (Un camp croate en Galicie) de Miroslav Krleža, élargissant ainsi, avec Vučjak, Messieurs les Glembay ou encore Golgotha, la bibliothèque de ses traductions de pièces de Miroslav Krleža disponibles en langue française dans une traduction d'une facture irréprochable : il suffit de se rappeler de la lecture publique de sa traduction de Messieurs les Glembay par les comédiens de la Comédie française en octobre 2012 à l'occasion du festival « Croatie, la voici ».

Publiée par la prolifique maison d'édition Prozor éditions, avec l'Avant-propos de Miloš Lazin, metteur en scène et historien de théâtre, et la Préface de Daniel Baric, historien et maître de conférence à Sorbonne Université, UFR d'Études slaves, la traduction et la publication de Galicija (Un camp croate en Galicie) est une autre de ces œuvres dont le lecteur français appréciera la découverte.



Le 30 décembre 1920, la première de Galicija, pièce de Miroslav Krleža (1893-1981), le plus grand auteur littéraire croate du siècle dernier, est annulée une heure avant sa représentation au Théâtre national de Zagreb. Il s'agissait alors pour les autorités de briser la fièvre révolutionnaire entretenue par le Parti communiste que soutenait Krleža. Au cours des quatre décennies suivantes, l'auteur retravaillera ce texte dévoilant la révolte d'un jeune officier croate contre les représentants de l'État-major impérial autrichien sur le front galicien lors de la Première Guerre mondiale.



Avant-propos


Miroslav Krleža (1893 – 1981), né à Zagreb mais sujet austro-hongrois, il suit la formation de sous-officier à Pécs et aussi d'officier à Académie militaire de Budapest qu'il quitte subitement pour se rendre en Serbie indépendante la veille de la Grande Guerre. Une fois la guerre éclatée, il est mobilisé dans l'armée austro-hongroise et envoyé sur le front galicien, mais sa mauvaise santé l'empêche de participer aux combats. Il commence à publier dès 1914 de courtes pièces de théâtre et de la poésie, et essaye de vivre de sa plume littéraire après une courte période dans le journalisme dès la fin de la guerre. Simultanément, il s'engage dans la mouvance communiste aussi bien par ses activités militantes que par ses écrits. À partir de 1922, il est d'un côté écrivain croate et yougoslave affirmé, et de l'autre intellectuel de gauche critique du régime du Royaume des Serbes, Croates et Slovènes comme des lignes idéologiques du Parti communiste, interdit d'ailleurs en 1921. Son esprit polémique s'exprime dans différentes revues dont il est le fondateur et qui seront toutes rapidement interdites. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Krleža ne se range pas aux côtés des forces antifascistes de libération nationale menées par le Parti communiste. Après leur victoire, l'apport de Krleža est triple : il continue d'écrire, mais il milite aussi pour l'indépendance de la création artistique par rapport aux idéologies autocratiques et dirige encore l'Institut de lexicographie yougoslave à Zagreb qu'il a fondé en 1950 et dont il restera à la tête jusqu'à sa mort. Durant cette période, il reçoit un traitement spécifique d'écrivain officiel, incontestable, comme le Tito de la littérature, mais sans porter de fonctions politiques ou étatiques. Ainsi, officiellement, il demeure indépendant comme devrait l'être selon lui tout créateur.

Poète, nouvelliste, dramaturge, romancier, essayiste, polémiste, historien de la littérature et de l'art, omniprésent, tapageur, imprévisible, solitaire et à l'écart mais volcanique quand il pense devoir l'être, il ne dissocie pas l'acte esthétique de l'action sociale. Cette conjonction n'est pour lui réalisable que dans et par l'indépendance du créateur. Et elle se réalise d'abord dans et par la langue. Pour Krleža, elle n'a pas de limite. Ses vers chantent au-delà de la grammaire, des standards, des normes et parlers usuels ; ses phrases polémiques giclent en traversant les époques, les mythes et les connaissances multiples ; les personnages de son théâtre plongent dans le croate, l'allemand, le français, le latin pour échapper à leur sort... et retrouver leurs propres contradictions.

Flamboyant, dérangeant, magique, Krleža est adoré, suivi, imité mais en même temps soupçonné, dédaigné, haï... Il interpelle et, aujourd'hui, même trente-cinq ans après sa mort, il est aussi constamment interpellé : Krleža comme polémique publique permanente... Krleža et ses œuvres comme références... à interroger, à approfondir, à étudier, à dépasser, à relire, à remettre en scène, en musique, à penser. Krleža ne cesse pas de nous donner la réplique.




Préface




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