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  • Photo du rédacteurOlesja Marković

La guerre en Ukraine – comment elle a commencé et où en sommes-nous aujourd'hui









24/02/2022 est la date qui a scindé la vie en Ukraine, nous avons « l’avant » et « l’après », exactement comme la chute du mur de Berlin avait réinitialisé l’horloge de l’histoire moderne européenne. Ce jour-là, je me suis réveillée vers 5 heure du matin car mon mari avait reçu un appel téléphonique du travail. « Ça a commencé » a t-il dit. Ce coup de fil à été suivi par des explosions lointaines (on saura plus tard que ce sont les missiles ruses qui s’abattaient sur l’aéroport international de Kyïv). Depuis, tout comme des millions d’Ukrainiens, je vis l’éternel février.


Nombreuses sont les personnes qui en Europe ont ce jours-là aussi été terrifiés. La guerre qui semblait si loin était soudainement tout près. Cependant, en considérant l’ensemble, les gens hors de l’Ukraine ne saisissaient pas que l’invasion totale en février 2022 n’était pas le début mais une continuité. La guerre entre la Russie et l’Ukraine a commencé dix ans auparavant. Lors d’un autre février interminable, celui de 2014, les manifestations civiles de masse sur trois mois (connus en tant que Révolution de la Dignité) ont renversées du sommet du pouvoir ukrainien Viktor Ianoukovytch, et le prix s’élevait à plusieurs centaines de manifestant tués. Les gens qui se sont levés au nom d’un avenir de l’Ukraine avec l’Europe et sans la Russie étaient méticuleusement tués par des snipers sous les ordres de l’administration de Ianoukovytch. Leurs tombes étaient encore fraîches pendant que la Russie annexait la péninsule ukrainienne de Crimée. Puis des animosités ont éclatées dans l’Ukraine orientale, à Donbass, où les séparatistes avec le soutient de la Russie et les forces militaire russes dissimulés ont séparé de force une partie de la région en proclamant les soi-disant « républiques populaires ». Nombreux analystes soulignent la similarité entre ces « républiques » non reconnus et la république serbe de Krajina, mais, à la différence de la Croatie qui par des opérations militaires a réussi à récupérer les enclaves détachées de force, en Ukraine Donbass était et est toujours une zone de guerre et d’effusion de sang.


Les gens en Ukraine, n’en parlons même pas des autres pays, ne prêtaient pas attention à la guerre dans le Donbass aussi longtemps qu’elle demeurait locale dans un espace donné et ne se déversait pas véritablement dans des restaurants et boîtes de nuit d’Odessa. Mais nous l’avons ressenti dans toute sa force lorsqu’en 2022 nous avons vu les missiles exploser devant nos paliers, et que dans les cours de nos maisons entraient les chars russes. La guerre n’est pas quelque chose qui se passe uniquement sur la première ligne du front, ça se passe partout et à chaque instant. Vivre à des centaines de kilomètres du champ de bataille ne garantit pas la sécurité – le danger peut s’abattre du ciel ; missiles, drones, obus shrapnel tout les jours tuent ou blessent des gens partout en Ukraine. « Tu ne sais jamais ce qui te tombera sur la tête, il vaudrait mieux alors se confronter à la mort avec des ongles bien coupés et les cheveux lavés », blague ma copine qui vit toujours à Kyïv. Triste est cette blague.


De même que le diable se cache dans les détails, la guerre se cache dans les chiffres. Les chiffres sont importants, mais dépersonnalisent la douleur et se transforment en insensibles statistiques de guerre. Ainsi lorsque les gens hors de l’Ukraine lisent la nouvelle disant « La Russie a bombardé les réservoirs de pétrole à Kharkiv, dans les flammes ont péri 7 personnes dont trois enfants », ils n’irons pas chercher des détails. Et les détails sont terrifiants – un couple âgé et une famille de cinq personnes, le père, la mère et trois enfants ont brûlés vif dans leur appartement. Le plus jeune, un garçonnet de dix mois a brûlé en cendres à tel point qu'il n'y a pas pu y avoir de prélèvement pour l’analyse ADN. Ou encore, à nouveau à Kharkiv, dans l’attaque aux bombes une dame âgée est décédée, deux enfant sont blessés. Le cerveau humain bien entendu rejette les horreurs, se protège de la douleur et des images qui la provoquent, et se représente la « blessure » comme une entaille sur le doigt. Pourtant, derrière ce superficiel « les enfants sont blessés » la réalité est quelque peu différente, s’y cache bien plus de souffrance – un de ces deux enfants, le garçon de dix ans, s’est vu ôter ses jambes sous ses genoux, voilà ce qu’implique la « blessure ». Puis, à plus grande échelle – selon les donnés des organisations non-gouvernementales et pouvoirs locaux – actuellement de cinquante à soixante-dix mille Ukrainiens (aussi bien civils que soldats) ont besoin de prothèses de membres. C’est toute la population de Pula et ses environs qui serait sans les extrémités. Imaginez vous promener dans Pula en ne voyant que des gens estropiés.


La statistique concernant les morts est encore plus complexe, car il est à cet instant difficile de déterminer le nombre exact provoqué par l’invasion. L’ONU dit 10.378 mort vérifiées, sauf que là le mot-clef est « vérifiées ». Personne ne dispose de données statistique sur les morts dans les territoires occupés par la Russie, et seulement à Marioupol, ville portuaire jadis dynamique et florissante sur la mer d’Azov, selon Human Rights Watch sous les bombes russes ont péri au moins vingt-deux mille habitants. Imaginer que grossièrement deux tiers de Šibenik soit effacé de la surface de la terre, et nous ne parlons de l’estimation que d’une seule ville sous l’occupation.

Autres chiffres – selon l’Eurostat plus de quatre millions d’Ukrainiens ont fui le pays en trouvant refuge dans l’EU. C’est comme si toute la population de la Croatie, et un peu plus encore, s’en aille en déplaçant sa vie ailleurs.


Je n’ai aucune conclusion et ne vois à l’horizon aucune solution pratique. Dans le 21e siècle, l’Ukraine entre dans la prochaine, onzième année de guerre, et dans la troisième année de guerre à grande échelle contre la Russie. Cette guerre n'a pas commencé par notre choix, mais nous n’avons d’autre choix si ce n’est de se battre. Pour la note finale je paraphraserais la fameuse citation de Golda Meir qui est peut-être la mieux adaptée à la situation : si les Russes déposaient leurs armes, il n’y aurait plus de combat, si les Ukrainiens déposaient leurs armes, il n’y aurait plus d’Ukraine.




traduit par yat


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