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  • Photo du rédacteurNenad Popović

En célébrant le 80ème anniversaire du grand écrivain Ivan Lovrenović


Ivan Lovrenović © Dženat Dreković







L’œuvre centrale de Ivan Lovrenović est l’histoire culturelle de la Bosnie et Herzégovine, La Terre intérieure (Unutarnja zemlja). Il défend l’idée de son unité malgré l’apparence d'une diversité entre les cultures musulmane, orthodoxe et catholique. Personne qui se consacre à la Bosnie et Herzégovine ne peut contourner cette œuvre, à laquelle d’ailleurs il doit sa renommée en Europe. Ce livre est accompagné d’un autre livre insuffisamment lu, un petit chef-d’œuvre : Les Croates de Bosnie (Bosanski Hrvati). Et ceux-là sont accompagnés ou plutôt entourés par des centaines de pages de récits de voyages et reportages qu’il nomme « processions ». Il est un grand voyageur et n’écrit pas en observant le monde de son écritoire, de sa chambre. Il est tout autant complètement ancré dans la vie publique écrivant inlassablement des petits essais et des articles, souvent politiques. Il peut y être sacrément tranchant et consistant. Là, il devient le fils de Miroslav Krleža, mais plus encore le frère de Predrag Matvejević originaire lui aussi de son Mostar. Les sévères querelles publiques sont dans la contradiction totale avec sa personnalité. Tous ceux qui l’ont rencontré le connaissent en tant que quelqu’un de doux, homme quasi taciturne qui écoute plus qu’il ne parle lui-même.

Ayant publié jusque-là au moins deux mille pages littéraires, Ivan Lovrenović est un écrivain de l’envergure d’un Krleža ou d’un Andrić, une immense présence aussi bien dans la littérature bosniaque que croate, appartenant aux deux. Pas juste formellement et par l’élégance de l’expression, mais tout autant de par sa biographie. C’est qu’il est né à Zagreb et une grande partie de son enfance et de sa jeunesse, il les a passées sur les trottoirs zagrébois, dans des écoles et à la Faculté de philosophie, et d’un autre côté, de la tête aux pieds, il est un habitant de Sarajevo et un Bosniaque exemplaire. Que cette dualité soit aussi son drame intérieur, il l’a écrit dans deux de ses romans, Liber memorabilia et le tout récent Dans l’ombre du fantôme (U sjeni fantoma), dans lequel il a soulevé la tragédie de sa famille car son père fut un oustachi. Mais les romans de Lovrenović sont des chapitres en soi, des biens précieux et il faudrait des pages innombrables pour les commenter. Nous pouvons aussi mentionner sa pièce de théâtre sur le moine Ivan Jukić et juste rappeler que Lovrenović dans la deuxième moitié des années quatre-vingt en tant que rédacteur en chef de la maison d’édition Svjetlost de Sarajevo avait développé la ligne éditoriale que quasiment aucune autre maison d’édition n’égalait aussi bien en Bosnie et Herzégovine qu’en Yougoslavie.



traduit par Yves-Alexandre Tripković



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