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Hormis l'incendie de forêt

  • Photo du rédacteur: Simona Dmitrović
    Simona Dmitrović
  • 4 oct.
  • 2 min de lecture
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Le prêtre traduit 

… et alors que je traduis les sourires aux chérubins

Que tu as figés sous les hautes voûtes

Ils m’observent sans illusions

Tels des étoiles égarées au fond d’un puits

Est-ce ainsi que je dissone

Est-ce ainsi que je me reflète avec maladresse

Est-ce donc là ma demeure

Cette bâtisse sans ailes

Ces robes blanches qui restent ineffables

 

Regarde toutes ces couronnes d’épines

Qui suintent à travers la brume de mes paumes

Qui me fixent docilement tels des errants

Et attendent que je leur donne un nom, marque un foyer.

 

Et alors que je traduis les sourires aux chérubins

Voici mes épines qui affleurent aux pages blanches.




Les poumons du tigre 

Étroite d’esprit, captive d’un squelette tourmenté

Aux poumons d’un tigre meurtri.

Ta cage thoracique est un Nord stérile

Et tes désirs, une maladie de peau altérée sous le Soleil.

Lorsque tu signes ton nom, tu sais qu’entre tes lettres

Se tient un continent tout entier.



Là où je croyais avoir des yeux

À travers la blancheur s’est élancée une gazelle voyante,

Là où je croyais avoir des yeux.



L’Architecte

Il redoute son futur temple

Il redoute l’ombre de l’oiseau à naître

 

Je ne supporterais point la mort de mon ennemi

De pierre, je lui consacre une robe nuptiale

 

Sous sa paume, les terres s’ouvrent

Telles de sournoises montagnes

Leurs gorges sont livides

Leurs gorges sont ornées de grives

On dit

C’est là l’aspiration slave à hâter la reddition

À voir le temple s’effondrer pour renaître en mémoire

À répéter les allées d’arbres comme des prières

De tous est connu l’Architecte

Des siècles durant, les yeux fermés

Il a sculpté dans le marbre les prunelles de l’aveugle

Je veux voir comme celui dont les yeux ont été bandés par le ciel

C’est ainsi que j’ai bâti ce temple



Union

Les brèves soirées d’été déclinent entre les côtes

Baptisées en meurtrissures curieuses

Sur le chemin de Sa peau

Ainsi qu’Icare vers le Soleil

Les uns perdent la vue

Les autres leur origine croisée

 

Nous savons que les odeurs ne sont que l’augure du déclin

La mort réelle du fruit irréel

C’est pourquoi nous faisons toujours renaître deux fleurs imaginaires

                     à la fois

Convaincus que la fragilité requiert l’union

Qu’un œil d’ange sur les fresques

Demeure aveugle au contact du Soleil



Chapelet

Ce jour-là fut un office malicieusement doux

Une peine infligée pour avoir songé au jeu face

Aux jouets perdus

 

Ce jour-là deux chiens jouaient dans un champ

Deux fois soustraits à leur destin

Et leur mort couleur de mûres ardentes

Demeure

Dans la bouche de la fillette fronçant les sourcils

Elle conte

Et recommence

Recommence encore

 

Alors elle façonna seule un chapelet

Alors elle apprit par cœur son chapelet

 

Toutes les épreuves sans relâches répétées

Finissent par se concrétiser

Et le rêve obstiné transforme la brume

En rite sacré

 

Ce jour-là, tout était jeu solennel

Une ronde de fées dans un champ défendu

 

Et en grandissant, elle répétait

Je n’accepte jamais le jeu avant d’avoir compté tous

                                                            les participants

 

Ce n’était plus un jeu

Mais un drapeau blanc dans ta tête

Mais une guerre déjà décomptée en défaites




traduit par Zivko Vlahovic










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