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Photo du rédacteurLe Fantôme de la liberté

Želimir Žilnik et la Black wave au Centre Pompidou





















« J’ai tiré mes leçons les plus importantes de Medvedkine, De Sica et Glauber Rocha, qui plaçaient leurs protagonistes au milieu du ‹ tumulte des événements historiques ›. »


Želimir Žilnik




Né en 1942 dans un camp de concentration en Serbie, orphelin élevé par ses grands-parents, étudiant en droit et jeune réalisateur dénonçant la précarité des laissés-pour-compte du régime de Tito dans les années 1960, honoré d’un Ours d’or au festival de Berlin dès son premier long métrage, Travaux précoces (1969), et immédiatement censuré : le parcours du cinéaste yougoslave Želimir Žilnik est d’emblée hors normes, façonné par les tumultes d’une histoire dont il entend rendre compte, coûte que coûte, pour contribuer à l’infléchir. En plus de 50 ans et 60 films, Želimir Žilnik a fait de son cinéma un miroir de la vie dans les Balkans, et particulièrement du quotidien des populations marginalisées – enfants des rues, chômeurs, SDF, immigrés, femmes exploitées, homosexuels, Roms. Témoin du communisme et de son effondrement, de la montée des nationalismes, des guerres, de la redéfinition des frontières, du passage au capitalisme, des migrations, il a filmé l’histoire en marche à l’est de l’Europe avec ceux qui la vivent, concevant "à chaud" une œuvre sauvage en réaction à l'actualité immédiate.


« Nous voulions parler de la réalité elle-même, pas de sa promesse », disait Žilnik à propos de la Nouvelle vague yougoslave, péjorativement rebaptisée « Black Wave » ou « Vague noire » par le régime titiste avant d’être interdite, à laquelle il avait donné son manifeste, Black Film (1971). Cette volonté de porter un regard dessillé, franc, débarrassé de toute idéologie, de tout romantisme aussi, impliquait de repenser la manière de faire des films. Želimir Žilnik a donc fait autrement, développant une forme libre, sauvage et crue pour filmer « à chaud », adoptant dès ses débuts une méthode performative et collaborative, qui associe les protagonistes à la conception des films. On lui doit ainsi l’invention du « docudrama », qui lui a permis de raconter d’autres réalités, en marge de la version officielle.

Rétrospective en 22 films, commande d'un autoportrait filmé, masterclasse et rencontres sont complétées par 5 autres films de la nouvelle vague yougoslave – surnommée "Black Wave" ou "Vague noire" – de Dušan Makavejev, récemment disparu, et d’Aleksandar Petrović notamment, qui rendent compte de l’inventivité et de la révolte portées par ce mouvement avec lequel le cinéaste Želimir Žilnik est né et auquel il est resté fidèle.



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